Voici une initiative intéressante : ce mois de janvier, l’Orchestre Symphonique de Prague va enregistrer de la musique libre de droits, reprenant ainsi des symphonies de Beethoven, Brahms ou Tchaïkovski. Les musiciens seront payés pour la séance d’enregistrement, mais ne pourront pas percevoir de droits voisins.
Sur internet, un site MusOpen, propose lui aussi aux internautes amateurs de musique classique de financer en partie l’enregistrement d’œuvres entrées dans le domaine public, pour ensuite les proposer gratuitement et librement à tous.
Il faut dire qu’au regard de la loi, une œuvre musicale passe dans le domaine public 70 ans après le mort de son auteur. Mais, les musiciens et éditeurs de ces enregistrements bénéficient de droits voisins pour une durée de 50 ans (qui va bientôt passer à 70 ans). Il est donc fréquent que des enregistrements de morceaux anciens de musique classique soient toujours couverts par des droits exclusifs, au titre des droits voisins.
Le petit pactole récolté par MusOpen, va permettre la location d’un orchestre symphonique (celui de Prague), mais les artistes-interprètes impliqués dans ce projet devront signer un contrat à travers lequel ils renoncent à la perception de leurs droits voisins. Ils seront payés pour la séance d'enregistrement, mais ne percevront pas de droits pour les reproductions futures ou leur diffusion publique.
L'objectif du projet est dans la mise à disposition libre de symphonies créées par Beethoven, Brahms, Sibelius ou Tchaïkovski.
Chez nous, en France, le projet n’est pas très bien accueilli. Le secrétaire général d’Hadopi, Eric Walter, considère que l'abandon des droits voisins n'est pas nécessairement une avancée, craignant un "dumping" social de la part d'orchestres moins coûteux que d'autres.
Benjamin Sauzay, en charge de la gestion des droits des artistes-interprètes français, soutient que les sommes en question ne suffisent pas pour vivre, même si le montant de 68 000 dollars peut sembler conséquent, ajoutant par ailleurs qu'une exploitation commerciale mérite rémunération.
De son côté, le Président de Wikimedia France, pense que pour faire entrer de la musique dans le domaine du libre et par conséquent permettre d'une part la diffusion légale des titres concernés et autoriser l'intégration de tout ou partie de la musique dans une oeuvre composite, il n'existe manifestement aucun autre moyen. D'autant qu'il s'agit d'un financement du public pour le public, fait-il remarquer.
On pourrait aussi remarquer que les orchestres principalement financés par nos impôts ne produisent pas de musiques libres, et que le citoyen doit continuer à payer pour profiter de ces œuvres.
Quand à Monsieur Walter, il souhaite surement que les personnes à faibles revenus acquièrent les partitions en question, puis apprennent à jouer de tous les instruments, puis enregistrement séparément chaque instrument plusieurs fois avec des instruments différents pour tout mixer ensuite et finalement en profiter gratuitement ? Ou pense-t-il que par ce que l’on est pauvre, on n’a pas le droit d’accéder à la culture musicale, de lire, d’aller au musée ?
8 commentaires:
Rien à voir mais allez lire :
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/01/07/surfer-sans-entraves_1627059_651865.html#ens_id=1280415
ça devrait vous plaire...
Article des plus intéressants. Il existe de nombreuses initiatives en ce moment pour permettre de se connecter à internet sans laisser anonymement. Une des plus anciennes étant freenet, mais elle est très compliquée à mettre en place pour l'utilisateur lambda.
Vu le filtrage, et la surveillance que toutes les "démocraties" du monde sont en train de mettre en place, ces initiatives vont se multiplier et devenir de plus en plus faciles à utiliser pour tout le monde.
Nos gouvernements ne diront surement rien au départ et laisseront faire. Puis quand tout le monde sera équipé de la sorte, ils rendront surement ces procédés illégaux par le biais de la loi. Un peu comme pour les avertisseurs de radars sur les GPS...
Je ne savais pas que les musiciens d'orchestre subventionnés percevaient des droits de suite...
Mais c'est l'arbre qui cache la forêt... La vérité c'est que la Sacem perçoit sa dîme sur toute la musique jouée, même quand les compositeurs sont morts depuis 400 ans, et que cela renchérit le prix des concerts etc... Alors on a inventé les droits de suite pour calmer les interprètes... qui perçoivent des fifrelins de l'Adami, par exemple... parce que le pactole est réduit par les frais de gestion et qu'il y a au moins deux organismes qui se disputent le droit de redistribuer ces fameux droits de suite...
Sachez braves gens que Sacem, Adami et cie sont une mafia... Sous prétexte de faire respecter les droits des auteurs ou de leurs ayant-droits la Sacem rackettent le moindre petit organisateur de spectacle, mais elle ne redistribue que dans les 7% des sommes récoltées... le reste c'est pour son fonctionnement ha!ha!ha!
Je connais des artistes qui se sont affiliés à des sociétés d'auteurs ou d'interprètes étrangères (l'allemande n'est pas mal, mais c'est la néerlandaise qui est le plus généreuse, il me semble).
Ma conclusion: l'abandon de droits de suite sur ces enregistrements ne gêne personne sauf les collecteurs institutionnels.. d'où les hauts cris et la montée au créneau des hadopistes et associés.
Tout à fait d'accord, toutes ces organisations sont la pour s'enrichir, et se moquent des compositeurs, auteurs et interprètes.
Ceux ne sont que des intermédiaires qui ont su imposer leur mécanisme pour engendrer de l'argent à leur profit sans jamais rien produire.
En tout cas ce type d'enregistrement n'est pas nouveau: il y a une quinzaine d'année, NAXOS produisaient d'excellents CD enregistrés sur ce principe avec des orchestres Tchèques entre autre... était-ce l'entrée dans l'UE des pays d'Europe orientale ?.. ou alors les temps n'étaient pas si durs que Sacem et al. traquent le moindre manque à gagner.
Décidément, j'aime beaucoup ton blog! Belle découverte que je vais m'empresser de mettre dans mes liens favoris!
Sans compter que je suis un fou des chats!
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