Comment garantir le remplissage des tiroirs caisses des industriels du Groupement professionnel des Industries de Composants et de Systèmes Electroniques (GIXEL), tout en s’assurant que des méchants n’usurpent pas l’identité des gentils ?
Notre gouvernement, par l’intermédiaire de notre Superman de la Sécurité, Claude Guéant, a trouvé la solution : la création d’un fichier de 60 millions d’innocents sous prétexte de nous protéger de quelques milliers de coupables.
Ce serpent de mer qui n’arrête pas de refaire surface sous différent nom (Edwige en était un) divise l’assemblée, mais aussi la majorité.
L’ensemble des parlementaires est d’accord pour créer un fichier où serait noté les noms, prénoms, adresses, tailles et couleurs des cheveux, empreintes digitales et photographies de tous les détenteurs de carte d’identité. Le Sénat souhaite empêcher que ce fichier ne soit détourné pour une exploitation policière, alors que les députés souhaitent cette exploitation. Claude Guéant poussait alors à fond dans cette direction lors de débats en juillet 2011.
Octobre 2011, au sénat, le rapporteur UMP de cette proposition de loi, met en garde les sénateurs disant que ce fichier est “bombe à retardement pour les libertés publiques… soucieux des droits protégeant les libertés publiques, nous ne pouvons pas laisser derrière nous un fichier que, dans l’avenir, d’autres pourront transformer en outil dangereux et liberticide”.
Le texte aurait dû repasser aujourd’hui à l’assemblée. Mais le gouvernement a décidé de précipité les choses en le faisant réexaminer jeudi dernier ce qui a irrité certains membres de l’assemblée : « Cette précipitation traduit, selon nous, la volonté de passage en force du Gouvernement. Qu’il soit utilisé à des fins de gestion administrative ou à des fins de police judiciaire, nous estimons dangereux pour les libertés publiques de mettre en place un tel fichier généralisé de la population ».
L’un des problèmes de ce fichier est la notion de « lien faible » brevetée par Morpho, n° 1 mondial des empreintes digitales, et qui permet d’authentifier une personne en empêchant toute exploitation de ses données personnelles, et donc toute forme d’exploitation policière du fichier. Son inventeur lui-même ce système, le qualifiant de « système dégradé » qui n’a été adopté par aucun pays au monde, Israël y ayant renoncé à cause de son manque de fiabilité.
Le magazine Owwi souligne que « le rapporteur de la proposition de loi au Sénat avait ainsi auditionné pas moins de 14 représentants du GIXEL, contre deux représentants seulement du ministère de la justice, et six du ministère de l’Intérieur… ». Les industriels n’ont donc aucun intérêt à créer un système qu’ils ne pourraient revendre nulle part ailleurs.
Donc, jeudi dernier, le « lien fort » qui autorise l’exploitation policières des données personnelles de gens honnêtes, a été réintroduit dans la proposition de loi et cela grâce à 6 députés de la majorité pour, contre 3 de l’opposition contre. Il faut dire qu’il était midi lorsque cela a été fait, le reste des députés devaient être en train de prendre l’apéritif….
Voilà où en est notre démocratie… Six personnes décident du sort de 60 millions de citoyens.
1 commentaire:
En effet, je me souviens vaguement de ce projet, au sujet duquel la presse ne s'était guère étendue.
Je vois que l'affaire suit son cours en sous-marin, et plus personne ne dit rien. Sauf quelques empêcheurs de tourner en rond vigilants, dont toi.
Merci de nous rappeler au bon souvenir de ce joli projet.
Il est important de relayer, je crois.. sinon, Dieu sait comment ça va finir.
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